Le livre
Qui peut jurer de ne pas inventer, au moins en partie, ses souvenirs ? Certainement pas Augustin Harbour. Quarante ans plus tôt, errant dans le désert du sud libyen, il est tombé sur une mystérieuse oasis : Zindan. On y arrive de n'importe où, de n'importe quand, mais aucun des autres voyageurs échoués-là ne sait comment en repartir. C'est que Hadj Hassan, Dieu lui-même, y vit, en compagnie de son envoûtante vestale, Maruschka Matlich.
Réfugié dans une clinique de luxe, sur les rives du lac Calafquén au Chili, carnets, croquis et annotations à l'appui, Augustin dresse l'inventaire de cette extravagante épopée, des habitants et de leurs moeurs étranges tabous alimentaires, pratiques sexuelles, objets sacrés et autres signes parleurs, qui prend vite des allures de fantasmagorie.
Présent et imaginaire se mêlent, comme pour une dangereuse immersion au cœur des ténèbres. Délirante invention d'un esprit malade ou intuition géniale d'un entendement hors du commun, le récit prodigieux et débridé d'Augustin nous emmène aux con ns inexplorés de la folie. On retrouve dans ce roman phénoménal toute la fantaisie, l'humour, la virtuosité et l'érudition de l'auteur de Là où les tigres sont chez eux. Et un fameux coup de crayon !
Les premières lignes
Ce mémoire est une mise en forme de mes carnets de route destinée, sur la suggestion du professeur Binswanger, à mettre un peu d'ordre dans le chaos de mes souvenirs. J'écris sur les bords du lac Calafquén, au Chili, dans la villa où il a plu à cet éminent chercheur de nous inviter, mes compagnons et moi, pour quelques semaines de villégiature.
Au début de son Histoire véritable, Lucien de Samosate prend soin d'avertir ses lecteurs qu'il va leur rapporter des faits qu'il n'a pas vus, des aventures qui ne lui sont pas arrivées et qu'il ne tient de personne ; « j'y ajoute, dit-il, des choses qui n'existent nullement, et qui ne peuvent pas être : il faut donc que les lecteurs n'en croient absolument rien ».
À prendre au sérieux cette antinomie entre un titre et l'annonce de son contenu, je devrais intituler mon récit Histoire mensongère, car tout ce que je m'apprête à raconter, je l'ai vu de mes propres yeux, entendu de mes propres oreilles, et donnerais cher pour me persuader que j'ai seulement rêvé.
Ce qu’ici-bas nous sommes de Jean-Marie Blas de Roblès (Zulma)
L'auteur
ÀRévélé au grand public en 2008 avec Là où les tigres sont chez eux (Prix du roman Fnac, Prix du jury Jean Giono et Prix Médicis), puis L’Île du Point Némo, Jean-Marie Blas de Roblès ne cesse de nous ouvrir d’extraordinaires horizons de fiction.