Les frères Goncourt

Publié le 09 novembre 2020

Pour tout savoir des frères qui ont donné leur nom à cette fameuse récompense, à travers la biographie magistrale de Jean-Louis Cabanès et Pierre Dufief, parue chez Fayard avec le soutien du CNL.

Les Frères Goncourt, mention spéciale du Prix Goncourt de la biographie, s'attache à l’œuvre littéraire et historique aujourd’hui méconnue de ces deux inséparables, à la fois écrivains, critiques et collectionneurs, qui marquèrent profondément leur temps. À trouver auprès des librairies indépendantes !

Les frères Goncourt
Fayard

Le livre

Le nom de Goncourt connaît la célébrité grâce au plus fameux des prix littéraires, mais il mérite aussi de survivre car il fut porté par deux frères, hommes de lettres novateurs, irremplaçables témoins de leur temps.

Leur double biographie ressuscite un demi-siècle de vie littéraire et artistique, où l’on croise Gautier et Flaubert, où l’on côtoie Renan, Taine, Berthelot, Daudet, Zola. Collectionneurs impénitents, esthètes dolents et élitistes, Jules et Edmond de Goncourt ont transformé leur vie et celle de leurs proches en pages d’écriture. Leur Journal, leurs romans, qui ont initié le naturalisme et la littérature fin de siècle, la création de l’académie des Goncourt, tout témoigne de leur aspiration à la survie littéraire. Leurs engagements avant-gardistes s’associent paradoxalement à un conservatisme politique qui n’exclut ni la misogynie ni l’antisémitisme.

Fondée sur des archives familiales, sur des correspondances largement inédites et sur le dépouillement de la presse de la seconde moitié du xixe siècle, cette biographie magistrale s’attache à l’œuvre littéraire et historique aujourd’hui méconnue, elle renoue les fils d’une intense vie à deux, en pénétrant dans l’intimité affective d’une gémellité fusionnelle.

Les premières lignes

DU CÔTÉ DE LA LORRAINE

La famille paternelle était solidement implantée en province, elle privilégiait les liens de proximité et les solidarités locales. On se mariait entre gens du même milieu et de la même ville ; c’est ce que firent à la fois le grand-père et le père des écrivains lors de son premier mariage. Alors que les guerres de la Révolution et de l’Empire semblaient ouvrir les horizons, c’est encore auprès de compatriotes que l’on trouvait aide et protection.

Le Bassigny-Barrois, à la limite de la Champagne et de la Lorraine, est une région de plaines, de coteaux et de collines avec une ligne de châteaux forts : Gondrecourt, Lamarche. Surgissent sur des buttes des petites villes comme Neufchâteau ou Bourmont, des villages comme Goncourt. Francois Nourissier, lors d’un pèlerinage de l’académie au village de Goncourt, évoquait ses impressions de Parisien, sensible, comme les deux frères lorsqu’ils revenaient dans leur famille, au charme austère de ces « lieux paisibles », de ces « lieux sereins, un peu étouffés, presque silencieux ». Barrès, qui était presque compatriote des Goncourt, a chanté significativement l’enracinement ; l’esprit des lieux est centripète et semble exclure les « déracinés ».

 

Les auteurs

Jean-Louis Cabanès, professeur émérite à l’université de Paris-Nanterre, spécialiste du roman au xixe siècle et des rapports qu’entretiennent écrits littéraires et textes médicaux, est l’auteur de nombreux ouvrages. Il dirige un collectif chargé d’établir une édition critique du Journal des Goncourt.

Pierre Dufief, professeur émérite à l’université de Paris-Nanterre, a travaillé sur le roman (1850-1914) ainsi que sur les écritures personnelles (Les Écritures de l’intime, Bréal, 2001). Président de la Société des amis des frères Goncourt, il édite la correspondance des deux frères.

Couverture : Les frères Goncourt par Nadar © BNF, département des Estampes.