Prix Médicis essai 2020
Le Prix Médicis 2020 essai est décerné à Fin de combat, sixième et ultime volume de Mon combat, l'œuvre monumentale de Karl Ove Knausgaard, traduit du norvégien par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen, Jean-Baptiste Coursaud et Marie-Pierre Fiquet, publié chez Denoël avec le soutien du CNL !
- Partager sur Twitter
- Partager sur Linkedin
- Partager sur Facebook
- Cliquer pour copier le lien de la page
Le livre
Au cœur de la vie d'un écrivain
"Entre vingt et trente ans, cette décennie effroyable, j'avais essayé de prendre part à la vie autour de moi, à la vie normale, à ce que tout un chacun vivait, mais sans y parvenir, et ce sentiment d'échec était si fort, cet éclair d'indignité si intense que peu à peu, sans en être conscient, je me focalisai sur autre chose, me plongeai plus profondément dans la littérature, sans que cela ait l'air d'une retraite, d'un refuge, mais au contraire d'un élan fort et triomphal, et, avant même de m'en rendre compte, c'était devenu ma vie."
Âgé de quarante ans dans ce récit, Knausgaard est à l'aube de sa gloire internationale. Il partage son quotidien entre l'écriture de ce qui sera son grand oeuvre et l'éducation de ses trois enfants en bas âge. Sa vie à Malmö est réglée comme du papier à musique. Jusqu'à ce que son oncle s'oppose à la publication de son premier ouvrage autobiographique. Un interdit qui va le plonger dans une grande angoisse et déséquilibrer profondément sa vie d'homme et de père.
Fin de combat est une réflexion bouleversante sur les rapports de Knausgaard à son père et à sa famille. De sa voix singulière, il interroge les textes littéraires et politiques les plus emblématiques du XXe siècle pour comprendre la relation mystérieuse qu'entretiennent l'écriture et la vie.
Les premières lignes
À la mi-septembre 2009, je pris la route de la petite maison de campagne de Thomas et Marie, située entre Höganäs et Mölle. Thomas devait prendre des photos de moi pour les prochains romans. J’avais loué une voiture, une Audi noire et, dans la matinée, je roulais en direction du nord sur l’autoroute à quatre voies, empli d’un intense sentiment de bonheur. Le ciel était bleu et parfaitement dégagé, le soleil brillait comme en été. Sur ma gauche s’étendait l’Öresund, qui étincelait, sur ma droite s’étiraient des champs de chaume dorés et des prés, séparés par des clôtures et par de petits ruisseaux bordés de rangées d’arbres feuillus, de temps à autre se profilait la lisière de la forêt. J’avais le sentiment que ce jour n’aurait pas dû exister, c’était comme une oasis au milieu de ce morne paysage d’automne et la pensée que les choses n’auraient pas dû être ainsi, que le soleil n’aurait pas dû briller autant, que le ciel n’aurait pas dû être aussi lumineux, éveillait une sorte d’inquiétude au milieu de ma joie.
L'auteur
Né en Norvège en 1968, Karl Ove Knausgaard vit aujourd’hui en Suède, à Malmö, avec ses quatre enfants. Considérée comme une entreprise unique en littérature, son incroyable autobiographie, Mon combat, divisée en six volumes, l’a fait accéder à une reconnaissance internationale.