Une histoire universelle des ruines

Publié le 21 décembre 2020

"Il n’existe pas plus d’hommes sans mémoire que de sociétés sans ruines." Cette Histoire universelle des ruines de l'historien et archéologue Alain Schnapp (Le Seuil), parue avec l'aide du CNL, vise à élucider le rapport indissoluble que chaque civilisation entretient avec elles. Ce beau-livre est sur les tables de vos libraires indépendants et à glisser sous vos sapins.

Une histoire universelle des ruines
Le Seuil

Le livre

L’Égypte ancienne confie la mémoire de ses souverains à des monuments gigantesques et à des inscriptions imposantes. D’autres sociétés préfèrent pactiser avec le temps, comme les Mésopotamiens, conscients de la vulnérabilité de leurs palais de briques crues, qui enterrent dans le sol leurs inscriptions commémoratives. Les Chinois de l’Antiquité et du Moyen Âge remettent le souvenir de leurs rois et de leurs grands hommes à des inscriptions sur pierre et sur bronze dont les antiquaires scrupuleux collectent les estampages. D’autres encore, les Japonais du sanctuaire d’Isé, détruisent puis reconstruisent à l’identique, en un cycle infini, leurs architectures de bois et de chaume. Ailleurs, dans le monde celtique et en Scandinavie, comme dans le monde arabo-musulman, ce sont les poètes ou les bardes qui ont la charge d’entretenir la mémoire.

Les Grecs et les Romains considèrent les ruines comme un mal nécessaire qu’il faut apprendre à interpréter pour les maîtriser. Le monde médiéval occidental affrontera l’héritage antique avec une admiration fortement teintée de répulsion. Face à cette tradition, la Renaissance entreprend un retour d’un type nouveau à l’Antiquité, considérée comme un modèle du présent qu’il faut imiter pour mieux le dépasser. Les Lumières enfin bâtissent une conscience universelle des ruines qui s’est imposée à nous comme le « culte moderne des monuments » : un dialogue avec les ruines qui se veut universel et dont ce livre porte témoignage.

Passant d’une civilisation l’autre, Alain Schnapp s’appuie autant sur des sources archéologiques que sur la poésie. Magnifiquement illustrée, cette somme est l’œuvre d’une vie.

L'auteur

Historien et archéologue, professeur émérite à l’Université de Paris I, Alain Schnapp a dirigé l’Institut national d’histoire de l’art (Inha) depuis sa création jusqu’en 2005. Il a codirigé, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances (La Découverte/Inrap, 2018).