Agrapha
Rentrée littéraire 2020 – "Roman historique immersif" Agrapha fait entendre huit voix de femmes transmises par la traduction nouvelle d'un manuscrit du Xe siècle. Véritable expérience de lecture, Luvan travaille avec acuité la langue et le récit historique fictionnel. Pour ce roman publié par La Volte, Luvan a bénéficié d'une bourse d'écriture du CNL.
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Le livre
À l’origine fut un manuscrit du Xe siècle. Apocryphe, peut-être pas. À l’origine furent huit femmes, chacune venue d’un lointain horizon, unies dans une grotte au cœur de la forêt. Ensemble, elles racontent ou taisent leur vie de recluses, leur destinée loin du monde et pourtant si proche de lui. Elles parlent mille langues en une seule, mêlant leur âme en un poème morcelé que l’autrice ensuite cimente d’or et de miel. Et de cette tresse de mots naîtra l’apocalypse. Dans ses cahiers, l’autrice a minutieusement recousu l’histoire de cette constellation.
Il subsiste de leurs existences des traces indicibles que seule l’écriture parvient à faire rejaillir. Parmi les odeurs d’écorces et les accents d’anciens parlers, c’est à l’aube de l’an mil qu’irradient le vécu de ces femmes et leur puissance épiphanique. Aux antipodes du roman historique ou du roman de fantasy, Agrapha renoue avec les sources de la matière médiévale tout en proposant une expérience historique à la fois plus immersive – donc familière – grâce à son processus narratif ; et plus étrangère – donc plus exotique – grâce à son parti-pris langagier radical.
Les premières pages : extrait
Je m'occupais alors, pour un projet d'écriture créative académique commandité par l'université de Haute-Alsace, de defixiones (tablettes magiques) gauloises. La personne qui m'a confié cette trouvaille elle a souhaité garder l'anonymat pouvait de bonne foi se figurer qu'il s'agissait justement de cela. s'agissait justement de cela. En effet, le mobilier retrouvé avec l'arté- fact, bien que mêlé à des débris contemporains, prédatait de beaucoup l'ère chrétienne. La graphie partiellement grecque ; l'emploi d'un mélange de termes latins, celtes et germaniques ; l'utilisation du plomb ; la for- mule cultuelle polythéiste « iae iao » ; l'invocation de Niske, déesse de l'eau gauloise... Tout concordait.
Quand j'ai compris que Volusiana était une sainte chrétienne du X e siècle, ma curiosité m'a poussée à approfondir. Volusiana fut ermite puis abbesse d'Adsagsonæ Fons (Source d'Adsagsona), une communauté comptant huit femmes religieuses.
Je ne me doutais pas des rivages où cette curiosité me conduirait. Ni à quel point cette exploration m'affecterait.
L'auteur
Ses multiples existences en Afrique, dans le Pacifique, en Chine et en Scandivanie ont forgé la singularité de Luvan et nourri son imaginaire complexe, entre réalisme magique et fantastique réel. Première auteure francophone publiée à La Volte, cette passionnée de son et de matériau oral pratique la performance et réalise des pièces radiophoniques.
Véritable touche-à-tout artistique, Luvan participe à de nombreuses collaborations, romanesques ou dramatiques, sur les planches comme sur les plateformes numériques ; elle est membre actif du collectif d’écrivains de science-fiction Zanzibar et du collectif de création radiophonique Monik.
Mais elle est avant tout écrivain. Après CRU (prix Bob Morane 2014), Le Chevalier rouge, Few of Us, un texte dans Au Bal des actifs (La Volte), dans Susto, Luvan fait cohabiter voix, trames et genres dans une nouvelle expérience de fiction, qu’elle considère comme la meilleure voie possible pour porter ses réflexions sociales et politiques.