Né en 1934 à Hjoggböle, austère paroisse du Nord de la Suède, le jeune Per Olov Enquist connaît une enfance difficile auprès de sa mère institutrice, qu'il relate dans son autobiographie "Une autre vie" traduit par Léna Grumbach (Actes Sud, 2009) avec le soutien du CNL.
Son entrée au lycée et la découverte du sport lui permettent finalement de s'émanciper de son foyer, à travers la discipline du saut en hauteur, qu'il pratique à haut niveau.
À défaut de participer aux Jeux Olympiques de Rome en 1960, pour lesquels il rate de peu la qualification, il se retrouve comme journaliste au cœur des JO 1972 de Munich, marqué par l'assassinat de onze athlètes israéliens par le commando palestinien "Septembre noir". Sa carrière dans l'écrit est lancée, tout comme la publication de son premier roman, L'oeil de cristal, en 1961.
C'est en 1968 qu'il accède à la reconnaissance nationale, avec L'extradition des Baltes, une enquête à charge contre la Suède qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a renvoyé en Union soviétique des soldats réfugiés des pays Baltes. Sa traduction en français par Marc De Gouvenain est soutenue par le CNL, tout comme les futurs romans de l'auteur, parus aux Editions Actes Sud : Selma, L'Heure du lynx ou encore Le médecin personnel du roi, qui obtient en France le prix du Meilleur livre étranger.
Toute sa vie durant, Per Olov Enquist n'aura cessé de douter de lui-même et de lutter contre l'alcoolisme. Sa troisième cure est finalement la bonne puisqu'il finit par réaliser qu'il est toujours, malgré ses doutes, un écrivain.
"Le plus terrible pour un écrivain ce n'est pas d'écrire, mais de ne pas écrire. C'est une période de ma vie qui est maintenant derrière moi et que j'ai été content de raconter".
Il s'est éteint ce samedi en Suède, à l'âge de 85 ans.