La bande dessinée entre au Collège de France avec le soutien du Centre national du livre
Dans le cadre de la lecture, grande cause nationale, le Collège de France a mis en place l’installation d’une chaire de création artistique dédiée à la bande dessinée, venant ainsi concrétiser la volonté de donner au 9e art une légitimité académique.
Le CNL a soutenu cette initiative, découvrez le programme 2022-2023 !
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PROGRAMME DÉTAILLÉ DE LA CHAIRE DE CRÉATION ARTISTIQUE 2022-2023
Mardi 8 novembre - 10h
Cours : Espace, temps, narration
L’un des enjeux fondamentaux de la bande dessinée est de relier les images qui la composent. Ou, si l’on préfère, de transformer les contiguïtés en continuités : d’une case à l’autre, d’un strip à l’autre et d’une page à la suivante. Selon la formule d’Art Spiegelman – «Comics are time turned into space» –, il s’agit de convertir du temps en espace, de spatialiser le temps. De Caran d’Ache à Marietta Ren, en passant par Robert Crumb, Martin Vaughn-James, Richard McGuire, Patrice Killoffer et Marc-Antoine Mathieu, auteurs et autrices n’ont jamais cessé de jouer avec ces possibilités et ces paradoxes.
Séminaire : La Marque jaune d’Edgar P. Jacobs (par Benoît Mouchart)
Mardi 15 novembre - 10h
Cours : D'une case à l'autre
Unité minimale de la bande dessinée, la case est une image en déséquilibre, écartelée entre celle qui la précède et celle qui la suit, mais non moins entre son désir d’indépendance et son inscription dans le récit. Contrairement à l’instantané photographique ou au photogramme cinématographique, la case est d’ordre synthétique: l’action présentée ne pourrait pas se dérouler en un clin d’œil. L’image propose à la fois l’amorce d’un mouvement et son prolongement. Ou bien elle accueille plusieurs répliques d’un dialogue. Le secret de la case de bande dessinée, c’est d’entraîner vers l’image suivante, tout en possédant sa propre épaisseur temporelle. .
Séminaire : QRN sur Bretzelburg de Franquin et Greg (par François Schuiten)
Mardi 22 novembre - 10h
Cours : Les usages de la page
Unité minimale de la bande dessinée, la case est une image en déséquilibre, écartelée entre celle qui la précède et celle qui la suit, mais non moins entre son désir d’indépendance et son inscription dans le récit. Contrairement à l’instantané photographique ou au photogramme cinématographique, la case est d’ordre synthétique: l’action présentée ne pourrait pas se dérouler en un clin d’œil. L’image propose à la fois l’amorce d’un mouvement et son prolongement. Ou bien elle accueille plusieurs répliques d’un dialogue. Le secret de la case de bande dessinée, c’est d’entraîner vers l’image suivante, tout en possédant sa propre épaisseur temporelle. .
Séminaire : Phénix de Osamu Tezuka (par Tristan Garcia)
Mardi 29 novembre - 10h
Cours : L’âge des héros
Les héros de bande dessinée classique vivent dans un temps presque immobile. Astérix et Obélix résistent toujours aux troupes de César. Lucky Luke reste a poor lonesome cowboy. La bande d’enfants des Peanuts ne vieillit pas. Tintin et le capitaine Haddock se souviennent de leurs précédentes aventures, mais ils ne prennent pas d’âge. Avec Blueberry, Corto Maltese et la plupart des bandes dessinées modernes, les personnages quittent le monde de l’éternel présent pour s’inscrire dans l’historicité. Ils abandonnent le mythe pour entrer dans le romanesque. Cette nouvelle relation au temps est au cœur des bien nommés romans graphiques, et notamment de cette œuvre fondatrice qu’est Maus d’Art Spiegelman.
Séminaire : Les Frustrés de Claire Bretécher (par Sylvain Lesage)
Mardi 6 décembre - 10h
Cours : Écrire la bande dessinée
«Les gags naissent des accidents du crayon», déclara un jour Hergé. Et Baudoin l’a dit en d’autres mots: «Les traits noirs que dessine mon pinceau sur le papier blanc m’envoient des messages auxquels ils faut que je réponde, des questions que je n’avais pas prévues, des réponses inattendues.» Telle est l’irremplaçable chance de l’auteur complet: de Winsor McCay à Catherine Meurisse, il invente sur la page même un récit qui d’emblée prend la forme d’une bande dessinée. Dans la collaboration entre scénariste et dessinateur, même si elle a donné naissance à bien des chefs-d’œuvre, il y a quelque chose de moins immédiat. Mais un certain nombre de procédures peuvent permettre de surmonter cette difficulté.
Séminaire : Les Rigoles de Brecht Evens(par Aurélia Aurita)
Mardi 13 décembre - 10h
Cours : Les pouvoirs du dessin
La bande dessinée a contribué à faire vivre la tradition du dessin au moment où la plupart des artistes s’en désintéressaient. Mais le dessin totalement spontané lui a longtemps semblé presque interdit, en raison des contraintes imposées par les techniques de reproduction. C’est l’une des sources du style «ligne claire », que l’on retrouve de Benjamin Rabier à Chris Ware, en passant par Hergé et Joost Swarte. Pourtant, loin d’être vouée à un seul style, la bande dessinée peut s’aventurer dans des directions très différentes, empruntant au réalisme et à la caricature, au minimalisme et à la gravure. D’Alex Raymond à André Franquin, d’Alberto Breccia à Julie Doucet, elle n’a cessé de révéler son étonnante plasticité.
Séminaire : Major Fatal de Moebius (par Thierry Groensteen)
Mardi 10 janvier - 10h
Cours : À la lettre
S’il existe de nombreux récits partiellement ou complètement muets, la plupart des auteurs de bande dessinée considèrent l’écriture comme une donnée fondamentale, inséparable du travail graphique de la case et de la planche. Souvent le texte compte autant par sa taille, sa forme, sa position dans l’image que par son seul contenu. Les lettres se boursouflent, s’amincissent ou se mettent à trembler. Elles débordent des bulles et se mêlent au dessin. Un auteur comme Will Eisner fut un virtuose des variations de lettrage, dès les années 40. Ni le son ni le mouvement n’ont jamais manqué à la bande dessinée. Elle a trouvé de multiples manières de les suggérer. Uderzo et Gotlib, Craig Thompson, Emil Ferris et la plupart des auteurs de mangas ont fait de ces signes intermédiaires entre l’écriture et le dessin un élément essentiel de leur style.
Séminaire : Breakdowns d’Art Spiegelman (par Pierre Lévy-Soussan)
Mardi 17 janvier - 10h
Cours : Du benday à la couleur directe
Au tournant du XIXe et du XXe siècle, grâce à la technique du benday, les journaux américains accueillent chaque dimanche des suppléments de grand format aux couleurs éclatantes. Chez Lyonel Feininger, George Herriman et Frank King, la couleur est libre et poétique, affranchie de tout souci de réalisme. Après avoir longtemps résisté à la couleur, Hergé apporte une gamme pastel tout à fait différente: la couleur s’inscrit sagement dans l’espace qui lui est imparti. Aujourd’hui, tandis que beaucoup de dessinateurs ont recours à des coloristes, la couleur directe s’affirme chez Lorenzo Mattotti, Nicolas de Crécy, Dominique Goblet et bien d’autres artistes. Quant aux planches originales, les voici reconnues comme des œuvres à part entière.
Séminaire : Fun Home d’Alison Bechdel (par Elsa Caboche)
Mercredi 7 juin - 10h
Colloque : Nouveaux chemins de la bande dessinée
Le projet est d’établir un état des lieux de la bande dessinée dans le monde francophone, sous les angles plus divers. On s’intéressera bien sûr à la dimension esthétique, en évoquant la bande dessinée de poésie, la place grandissante de la non-fiction, l’intérêt pour le numérique. Mais on évoquera aussi la situation de l’enseignement et de la recherche, la mise en valeur du patrimoine, les évolutions du marché, la fragilité des auteurs et autrices...
Retrouvez l'agenda du Collège de France ici
« La bande dessinée, qu’on en trouve l’origine dans l’art pariétal, la Biblia pauperum ou dans l’œuvre de Rodolphe Töpffer, n’a plus besoin qu’on la défende. Sa diffusion planétaire, son dialogue constant avec les lettres, la peinture, le cinéma, son extraordinaire pouvoir de narration et d’expression, enfin la richesse et la variété des talents créateurs qui la font vivre montrent sans appel, depuis longtemps déjà, qu’elle est un art majeur. L’année de la bande dessinée au Collège de France, en partenariat avec le Centre national du livre, proposera un cycle exceptionnel de conférences et d’entretiens autour d’auteurs qui ont accepté de venir illustrer la profusion de la création contemporaine sous le patronage bienveillant de Guillaume Budé et celui, plus malicieux, du pingouin Alfred. Gratuit et ouvert à tous, comme la totalité des enseignements du Collège de France, nous espérons que ce cycle saura, si besoin est, éclairer et faire encore davantage connaître le “génie de la bande dessinée” selon le beau titre donné par Benoît Peeters à sa conférence inaugurale. »
Thomas Römer, Administrateur du Collège de France