La grande transformation du sommeil

Publié le 19 mai 2021

"Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel."

 

Dans cet état des lieux inédit de l'histoire du sommeil depuis le XIXe siècle, l'auteur Roger Ekirch, spécialiste des Sleep Studies, rappelle l'impact des bouleversements liés à la révolution industrielle sur le sommeil des hommes.

 

Publié aux éditions Amsterdam en janvier 2021, cet ouvrage a bénéficié du soutien du CNL à la traduction depuis l'anglais, réalisée par Jérôme Vidal.

La grande transformation du sommeil

L'essai

Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux.

Telle est la thèse révolutionnaire de Roger Ekirch. Son enquête passionnante sur le bouleversement de nos nuits qu’a constitué la disparition, puis l’oubli du sommeil biphasique a doté cet objet d’une historicité qui lui était jusque-là déniée et conduit à l’émergence d’un nouveau champ de recherche, les Sleep Studies. Surtout, cette découverte invite à questionner l’identification de l’insomnie de milieu de nuit à un « trouble du sommeil ». Et à envisager les conséquences d’une transformation qui nous a barré un accès privilégié aux rêves et, par-là, à la conscience de soi.

L'auteur, Roger Ekirch

Professeur d'histoire émérite à l'Université de Virginia Tech (Etats-Unis), Roger Ekirch est spécialiste de l’histoire transatlantique et de l’histoire coloniale de l’Amérique du Nord, il est lauréat de la bourse Guggenheim.