Amandine Doche, programmatrice de festival
Programmatrice du festival BD et de certains événements culturels de la Ville de Colomiers, Amandine Doche a répondu aux questions du CNL qui soutient son festival.
Explorez son métier, ses rêves les plus fous et surtout sa passion communicative pour la création artistique contemporaine en bande dessinée, son "terrain de jeu favori".
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Amandine, comment êtes-vous devenue programmatrice ?
À 18 ans, j’ai quitté le Pays Basque pour Toulouse. Plus douée pour les matières littéraires que pour les mathématiques, j’ai intégré une classe prépa’ Hypokhâgne/Khâgne, puis poursuivi des études en Lettres modernes au Mirail. C’est dans un cours de stylistique sur la bande dessinée que j’ai découvert toute la production contemporaine. Si Franquin et Bretécher avaient accompagné toute mon enfance, les années suivantes m’avaient fait préférer d’autres genres littéraires. C’est donc grâce à un professeur formidable, Jacques Dürrenmatt, que j’ai plongé avec délice dans le travail de Chris Ware, Fabio Viscogliosi, Alison Bechdel et tant d’autres…
Cela m’a amené à travailler sur la bande dessinée argentine, notamment Alberto Breccia, et alors que je m’apprêtai à me lancer dans une thèse sur le sujet, j’ai frappé à la porte du festival BD de Colomiers pour un stage. Le hasard faisant parfois bien les choses, j’ai été embauchée en 2010 au sein de la mairie de Colomiers pour remplacer le programmateur du festival qui partait cette année-là à la retraite. C’est donc à ce poste que j’ai appris toutes les ficelles de la programmation.
Dans les mois qui ont suivi mon arrivée, nous avons retravaillé la ligne artistique du festival avec les équipes en place pour en faire un évènement qui mette en avant la jeune création et l’édition indépendante. Je m’occupe désormais du service développement culturel de la Mairie de Colomiers, en charge du festival mais également des autres évènements culturels de la ville. Cependant, la bande dessinée reste mon terrain de jeu favori !
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
C’est, sans hésiter, la possibilité d’accompagner les jeunes autrices et auteurs quand ils en sont au tout début de leur carrière. Évidemment, en tant que responsable artistique d’un festival je ne remplacerai jamais le travail incroyable que font les éditrices et les éditeurs ou encore les libraires, mais si je peux apporter ma petite pierre à l’édifice en programmant des artistes tout juste sorti-e-s de l’école, alors-là, je suis vraiment heureuse. Suivre et accompagner le parcours pas à pas d’un auteur ou d’une autrice qui parfois n’a même pas encore été publié, c’est vraiment une grande chance.
Le moins ?
La frustration de ne pas toujours pouvoir accompagner vraiment bien tous les projets. Le manque de temps est parfois cruel !
Présentez-nous votre festival. Qu’est ce qui fait sa particularité ?
Le festival BD de Colomiers a une longue histoire. Nous fêtons cette année ses 35 ans. Il a évolué un peu en même temps que la production en bande dessinée, passant d’un rendez-vous autour de la BD mainstream à un festival dédié à la mise en avant d’une frange plus alternative, tout en gardant un public très familial. Les invité-e-s du festival nous font souvent remonter que BD Colomiers est la démonstration qu'un festival peut être à la fois exigeant, avec une belle ligne éditoriale, et populaire. Nous faisons un numéro d’équilibriste en essayant d’allier des propositions audacieuses et ambitieuses sans pour autant faire peur au fameux "grand public". C’est là tout le but de notre travail : pouvoir franchir un cercle de spécialistes ou d’initiés et atteindre des personnes qui n’auraient pas découvert certaines maisons d’éditions ou certains livres sans ce festival.
Quels sont les projets récents qui vous tiennent le plus à cœur ?
Cette année, grâce à l’opération "BD 2020, Année nationale de la BD" nous avons pu lancer un chantier de création d’une maison de la BD à Colomiers. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur car il va nous permettre de favoriser la présence des autrices et des auteurs dans la ville. Ce sera un lieu joyeux où se mêlent des ateliers de création à l’organisation d’expositions et de rencontres. C’est important de pouvoir dépasser le temps du festival pour installer des projets au long cours dans la ville.
Quels sont vos rêves les plus fous pour le festival ?
Et concernant les rêves les plus fous pour les prochaines éditions du festival, j’en ai plein les cartons : programmer une grande exposition sur les Peanuts (Snoopy) du génial Charles M. Schulz, ou encore une autre sur le travail d’Adrian Tomine ; organiser un karaoké géant entre les auteurs et les autrices invité-e-s et le public du festival ; accueillir Posy Simmonds pour une masterclasse ; proposer une pyjama-party BD toute la nuit dans la Médiathèque de Colomiers avec tout plein de surprises… Bref, les idées ne manquent pas !
Comment avez-vous connu le CNL ?
Le CNL finance le festival depuis maintenant 5 ans via l’aide apportée aux manifestations littéraires. C’est un soutien financier très important pour nous, qui nous a permis de développer le rayonnement du festival à l’échelle nationale. Par ailleurs, nous étions déjà bien engagés sur la question de la rémunération des autrices et auteurs avant que le CNL ne subventionne la manifestation, mais l’aide apportée nous a permis de développer encore cet aspect-là.
Comment voyez-vous le soutien du CNL ?
Au-delà de l’aide financière, nos interlocuteurs et interlocutrices au CNL sont toujours très disponibles et à l’écoute pour accompagner les nouveaux projets. C’est vraiment une relation partenariale, où nous pouvons échanger et où l’on se connaît.
Enfin, cette année, grâce à l’opération « BD 2020, Année nationale de la BD », le CNL a organisé quelques réunions pour les organisateurs et les organisatrices de festivals BD. Cela nous a permis de nous retrouver toutes et tous autour de la même table pour la première fois et depuis nous sommes beaucoup plus en contact les un-e-s avec les autres.
Vous avez été membre de la commission Vie littéraire du CNL, qu’en retenez-vous ?
J’ai adoré les 3 ans passés au sein de la commission Vie Littéraire. Véronique Ovaldé, la présidente de la commission, a insufflé un vrai esprit d’équipe dans notre groupe. Les séances étaient à la fois très sérieuses, mais également pleines de rigolade.
Être membre de la commission m’a aussi poussé à me déplacer d’avantage sur d’autres manifestations littéraires où j’ai pu découvrir des projets géniaux, comme le festival Spéléographies à Rennes.
Et si vous aviez 5 bandes dessinées à nous conseiller ?
Amandine a choisi pour vous 5 bandes dessinées aidées dans la bibliothèque des livres soutenus par le CNL. Les styles graphiques et les écritures sont éclectiques, alors n'hésitez pas à y puiser des idées pour vos prochaines lectures !